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24 Octobre 2010, 22:33pm

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les premières orientations de Benoît XVI

20 Octobre 2010, 21:29pm

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Caritas in veritate : la doctrine sociale comme « composante essentielle de l'évangélisation »

 

Publiées à dates régulières, les encycliques sociales ont pour principale vocation d'actualiser la portée sociale de l'Evangile. Contrairement à la doxa libérale qui tend à confiner la foi catholique dans la sphère des convictions privées – le fors intérieur - , en opposition également à une laïcité combattante n'admettant aucune manifestation publique de la foi, le Magistère n'a cessé, depuis Rerum Novarum (1891), de rappeler la dimension sociale du catholicisme et l'efficience des conséquences d'une vie de foi vécue tant au niveau personnel qu'inter-individuel, donc dans les domaines de la vie sociale et politique. Ordonnée autour de l'acceptation d'un pluralisme inhérent à la vie démocratique, la pensée sociale de l'Eglise définit, à partir d'orientations éthiques, les perspectives socio-politiques pour lesquelles l'engagement des catholiques est requis.

 

Le statut des documents pontificaux varie néanmoins d'une encyclique à une autre: au gré des circonstances historiques, de la sensibilité de chaque souverain pontife, les encycliques constituent souvent des synthèses, parfois innovent, quelquefois lancent de véritables appels. Pacem in Terris surprit le milieu catholique, habitué à ce que la paix soit un thème de propagande communiste. L'encyclique de 1963 était en rupture avec les documents antérieurs, légitimait des initiatives antérieures de groupes minoritaires,  ouvrait des nouveaux espaces relationnels tant dans le monde chrétien qu'auprès des mouvances politiques.

 

Populorum Progressio, 4 ans plus tard, opérait également un changement important: à la conception augustinienne de la paix, Pax omnium rerum tranquillitas ordinis, se subsituait une approche délibérément dynamique de la paix : « le développement est le nouveau nom de la paix », la notion de développement étant à prendre en opposition à celle d'ordre. Au-delà, Paul VI renforçait le soutien apporté à la FAO dès 1959 dans sa lutte contre la faim, et que des organisations comme le Comité Catholique Contre la Faim et pour le Développement (CCFD) relayaient depuis le début des années 60. En insistant pour le développement « intégral », Paul VI donnait raison à ceux des catholiques qui, depuis plus de 10 ans, refusaient de réduire le développement à sa composante socio-politique.

 

Il est encore trop tôt pour savoir si la nouvelle encyclique de Benoît XVI aura ou non un postérité, ou si elle demeurera singulière. Car pour l'observateur des documents pontificaux, assurément Caritas in veritate dispose d'un style de pensée et d'écriture inédit. Rarement l'analyse des phénomènes sociaux et politiques n'aura été aussi réduite, limitée à une synthèse des habituelles condamnations des écueils du libéralisme économique; rarement également,les perspectives de sortie  de crise, les approches de solutions pratiques n'auront été aussi faibles. Situant ses pas dans ceux de Jean-Paul II, Benoît XVI plaide non plus pour un enseignement social mais bien pour uen doctrine sociale de l'Eglise. Il y a 42 ans,dans son commentaire de Populorum Progressio, le théologien moraliste Jean-Marie Aubert évoquait et légitimait le processus inverse.

Mais, à la différence cette fois de Jean-Paul II qui reprenait à son compte la notion de développement, quitte à lui préférer celle de solidarité, Benoît XVI, en théologien situé et cohérent avec lui-même, reprend la thématique majeure de sa première encyclique, et célèbre Populorum Progressio en dissertant sur la charité, délégitimant par là-même des années d'action et de réflexion de certains groupes sociaux catholiques. La doctrine sociale, interprétée par Benoît XVI, est çà l'évidence moins en liens avec les milieux sociaux catholiques qui contribuent à l'élaborer ou à la diffuser. Elle est très clairement référée désormais à ce que le souverain pontife n'hésite pas à nommer le « magistère social » des papes, ce qui l'autorise à une reconfiguration très personnelle de Populorum Progressio, dont la relecture passe désormais par son articulation avec Humanae Vitae (1968) ou d'Evangelii nuntiandi (1975). Ce glissement témoigne de la convergence inédite d'un homme et d'une situation : Benoit XVI n'est guère familier des questions sociopolitiques; et la crise se laisse difficilement réduire à des solutions évidentes. Dès lors, il semble assez logique et naturel que Benoît XVI se concentre sur ce qui est, selon lui, au coeur de l'enseignement social : sa dimension sapientielle qui s'enracine dans la conviction pontificale d'une double nécessité : celle d'une lutte contre la fragmentation des savoirs et celle de la subordination de ceux-ci à la métaphysique, à la théologie et à la foi.

 

 

 

 

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